Sébastien
(chroniques, articles, satires)
Voici ce qu'écrit, à propos de notre numéro 104, le rédacteur de la revue Histoires littéraires (numéro 15) :
"Dans son dernier numéro spécial et "supplément satirique" au précédent, entièrement rédigé par Sébastien, la "revuette" de poésie s'en prend à Jacques Roubaud. Le poète et ses thuriféraires sont étrillés avec une vacherie aussi rigolote que partiale, qui culmine dans un récit de rêve où le chroniqueur comparaît devant les juges des Enfers, qui le convainquent d'incompétence et d'ignorance."
Précisons toutefois que notre chroniqueur s'efforce de se hisser à la hauteur de ses prétentions à exercer son esprit critique (voir notre numéro 118).
(N.B. C'est le supplément satirique au numéro 100 (notre numéro 104, Jacques Roubaud), qui est entièrement rédigé par Sébastien, non pas notre numéro 100 lui-même, qui traite de l'Anthologie de la Poésie Française dans la Pléiade.)
Dans l'article intitulé L'Anthologie de la Poésie Française dans la Pléiade (Le XXème siècle, par Michel Collot) (publié dans notre numéro 100), Sébastien oppose aux critères de représentativité historique retenus par Michel Collot, qui admettent et même portent au pinacle "les productions hyper-intellectualisantes de Jacques Roubaud" (l'expression est de de Sébastien), des critères de qualité littéraire.
Michel Collot écrit, dans son introduction, à propos du grand maître reconnu par lui, et fortement contesté par notre chroniqueur :
« Si, après quelques tâtonnements, Jacques Roubaud a réussi un coup de maître avec [son signe d’appartenance], c’est qu’il y a fait d’une expérimentation formelle le mode d’expression d’une expérience personnelle ; s’il invite le lecteur à suivre les règles d’une partie de go, ce jeu revêt pour lui un enjeu, car il remet en question les rapports de la vie et de la mort, qui sont au centre de toute sa production poétique ; et l’on sait qu’il ne cessera de chercher des modèles dans les traditions les plus diverses et souvent les plus anciennes. »
(Anthologie de la Poésie Française du XXème siècle, introduction, Bibliothèque de la Pléiade).
Sébastien déclare, dans l'introduction de notre numéro 104 :
"Dans ce numéro spécial, je persiste, on va le voir, à ne pas me soumettre au signe d’appartenance."
Notre chroniqueur, pour contester le genre de poésie qu'il désapprouve, ne craint pas de recourir à la satire.
LES EXERCICES SAVANTS
DE JACQUES ROUBAUD
____
Dans son numéro de mai 2001, le Magazine Littéraire publie entre autres choses un savant article relatif à Jacques Roubaud. Un poème, Capri, nous donne un exemple des exercices oulipiens tels que les pratique ce poète.
Voici la règle de composition :
« Contrainte, description : il s’agit d’un baobab strict. La contrainte est double :
« 1 – Les deux syllabes du mot Capri sont présentes dans chacun des vers du poème ; elles sont notées en rouge dans le texte écrit [N.B. Nous les imprimons ici en caractères gras].
« 2 – Dans chaque cas, les contextes gauche ou droit sont les mêmes (soit à la lettre, soit phoniquement ; ils sont continus ou discontinus). Ils sont soulignés dans le texte. »
Et voici un échantillon du résultat :
« Capri, l’île, un cas unique, sans prisunic
Capri, l’île où Hugues Capet priait »
Franchement, pour aboutir à des vers vraiment cons, pouvait-on trouver mieux ?
Sébastien
(paru dans notre numéro 84, De l'Art de la Connerie à la Philosophie de l'Indiscipline).
Dans notre numéro 126, Pour saluer l'arrière-garde !, Sébastien critique non seulement Roubaud, mais encore Raymond Queneau, l'Oulipo, et plus généralement une certaine avant-garde. Il écrit à propos de la petite publication Études (revue littéraire et artistique d'arrière-garde, Philippe Billé, 20, rue de l'Amitié, 17330 La Croix-Comtesse, France) :
“D’arrière-garde, la revue l’est encore par sa couverture. Celle-ci ne reproduit pas un monochrome, ni même un tableau d’art abstrait, mais un dessin au lavis qui représente quelque chose ! On peut clairement y reconnaître la Charente débordée, des maisons et des arbres. « En couverture, dit Philippe Billé, une belle encre sans titre achetée à Villeneuve-la-Comtesse. » (un joli nom bien d’autrefois !)
En dérision des études savantes qu’affectionnent les partisans de l’Oulipo, le titre de la revue, Études, est écrit non pas avec des signes mathématiques ou des pions du jeu de go, mais avec des jetons de scrabble ! Avec le mot Études, Philippe Billé marque sept points contre Raymond Queneau et ses successeurs. A mon tour :
O
É T U D E S
L
I
P
O
Franchement, qu’est-ce que ces jeux hyper-intellectuels, où les oulipiens passent leur temps à étudier ? Je préfère le scrabble. Toutefois, quand je joue au scrabble, je ne m’imagine pas faire de la poésie !
(…)”
La poésie n'a rien à voir avec le jeu de go, même si celui-ci vient de Chine ou du Japon !
(N.B. publiée dans notre numéro 126 :
"Notre secrétaire, Christian Moncel, me montre que, sur une carte postale, Philippe Billé lui écrit : Je dois peut-être te préciser que je ne suis pas particulièrement opposé aux principes de l'Oulipo, même si j'aime peu leurs réalisations."
"- Ah bon ? Mais, dans ce cas, les sept points du mot Études, puisque Philippe Billé n'en veut pas, me reviennent, je pense. - S.")
Dans notre numéro 138, Intellectualisme Véritable et Littérature Hyper-intellectualisante, Sébastien continue à défendre ses conceptions :
"Hors de l’art, c’est ainsi, par exemple, que m’apparaît le jugement de l’Anthologie de la Pléiade, selon lequel le signe d’appartenance de Jacques Roubaud serait « un coup de maître ». Hors de l’art, mais étroitement dépendant de la tendance hyper-intellectualisante."
(Hyper-intellectualisant, qu'est-ce à dire ?)
Notre chroniqueur, dans Pouvoir Littéraire, Littérature hypre-intellectualisante et novPoésie, paru dans notre numéro 114, critique l'usage du pouvoir littéraire qu'ont fait Raymond Queneau et quelques-uns de ses successeurs :
"L’œuvre de Raymond Queneau ne peut certes pas être considérée comme hyper-intellectualisante dans tous ses aspects. Mais, comme conseiller de Gallimard, l’auteur des Exercices de style a, lui aussi, exercé son pouvoir littéraire en faveur de la littérature hyper-intellectualisante.
En l’absence d’un pouvoir littéraire hyper-intellectualisant, le signe d’appartenance aurait été impubliable. Jacques Roubaud semble lui-même le reconnaître lorsqu’il écrit dans Poésie: (page 522) :
« A qui allais-je envoyer cette concoction bizarre, cette confiture linguistique exotique ? A vrai dire, je n’ai pas hésité longtemps. J’ai vu très vite que je n’avais pas le choix : une seule personne, dans le monde de l’édition, pouvait ne pas jeter tout de suite ce manuscrit au panier :
Raymond Queneau. »
"(…)
« Nous parlâmes longtemps. Enfin, je me préparai à partir. J’atteignis la porte du bureau. Queneau alors me dit qu’il avait lu mes poèmes ; qu’il les présenterait et les défendrait devant le comité de lecture des Éditions Gallimard. »
Dans l’Anthologie de La Pléiade, Michel Collot exerce lui aussi son pouvoir littéraire en faveur de la littérature hyper-intellectualisante, et, en particulier, de Jacques Roubaud et de son signe d’appartenance, au point de déclarer que cet ouvrage serait un « coup de maître » !
Je veux bien qu’il s’agisse d’un coup de maître du point de vue de la stratégie et de la tactique employées pour se faire éditer, et acquérir la notoriété et peut-être la gloire (le moyen le plus sûr pour se perdre complètement, disait Flaubert), mais j’estime que les qualités proprement littéraires du signe d’appartenance sont inexistantes.
Dans notre numéro 134, L'Émotion en poésie !, Sébastien insiste sur la nécessité de la critique, et publie une
Lettre ouverte à Alfred de Musset
pour qu'il ne se retourne pas dans sa tombe
Nous avons publié une lettre d'André Rivol à Sébastien dans notre numéro 138.
Rivol
Sébastien, dans ses chroniques de poésie, traite de beaucoup d'autres sujets et de beaucoup d'autres auteurs, et il écrit par ailleurs de
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