ALAIN DUMAINE


ET LA COMPRÉHENSION DE BAUDELAIRE


Alain Dumaine a montré que Baudelaire a donné la raison de la dédicace des Paradis artificiels dans le texte même de cette dédicace. Cette raison ne se trouve donc pas dans l’identité supposée de la dédicataire.

Alain Dumaine a fait remarquer que Baudelaire passe de la « raison de la dédicace » à « un livre quelconque ». Qui comprend la raison de la dédicace comprend non seulement la dédicace, mais le livre même des Paradis artificiels, voire un livre quelconque de Baudelaire. A l’inverse, qui ne comprend pas la raison de la dédicace (la femme est, indirectement, une source de voluptés artificielles, c’est-à-dire un paradis artificiel)… (Alain Dumaine apporte toutes les précisions nécessaires dans Baudelaire et la Réalité du Mal).

Dans un article publié dans la revue Prisme (17230, Marans, numéro 19, pages 10-11, printemps 1981, article publié sous le nom générique de Christian Moncel), Alain Dumaine a exercé son ironie sur ce qu’il faut bien appeler le dogmatisme des critiques biographiques :

« Si cette seconde lettre inédite (celle qui fait mention de Mme Niéri) n'existe pas non plus, comment le collectionneur, dont parle l'érudit qui désire conserver l'anonymat, a-t-il pu confondre les deux lettres ? Il était déjà difficile de croire qu'un collectionneur ait pu confondre une lettre inexistante avec une lettre déjà publiée, mais comment croire, avec la meilleure volonté du monde, qu'on ait pu confondre deux lettres inexistantes ? Tout ceci ne serait-il que du roman ? »

« (…)

« Aujourd'hui, la critique biographique semble être passée de la vérification scientifique à l'invention romanesque. Après avoir transformé une femme « active et vivante » dans l'imagination de Baudelaire, en une J.G.F. bien réelle, les critiques biographiques ont inventé une lettre inédite de Baudelaire au sujet de cette même J.G.F. Quelques années plus tard, ils ont remanié leur invention : la lettre inédite ne ferait pas allusion à J.G.F., mais à Mme Niéri. Et finalement un mystérieux collectionneur aurait avoué avoir confondu les deux lettres.

« Il ne m'appartient pas de me prononcer sur la valeur littéraire de semblables créations romanesques, mais la critique biogaphique ne pourrait-elle pas trouver dans le roman un astucieux moyen de se renouveler ? 

Alain Dumaine concluait ainsi son article :

« Le fait que, pour Baudelaire, la femme est une source de voluptés artificielles, réduit à néant toutes les hypothèses des critiques biographiques, et jette une lumière entièrement nouvelle non seulement sur Les Paradis artificiels, mais encore sur toute l'oeuvre de Baudelaire. La véritable pensée de Baudelaire (que le poète a dû masquer pour échapper aux tribunaux) nous est d'ailleurs révélée par l'oeuvre de Rimbaud, qui a incomparablement mieux compris Baudelaire que les critiques et la postérité ne l'ont fait, plus d'un siècle après la publication d'Une Saison en Enfer.

« J'ai en effet montré que le « démon » dont Rimbaud se dit possédé, et à qui celui-ci dédie Une Saison en Enfer, n'est autre que Baudelaire lui-même. »



Jean Donat et Maurice Hénaud se veulent les disciples d’Alain Dumaine.


Baudelaire


Rimbaud


Jean Donat


Maurice Hénaud


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