Baudelaire

Baudelaire et la Réalité du Mal (1993), d'Alain Dumaine

"Les 22 pages de cet "essai" (p.3 à 24) sont l'exposé à la fois le plus lucide, le plus profond et le plus concentré (ce qui n'est pas un mince mérite) que j'aie jamais lu sur la réalité du mal chez Baudelaire." (Antoine Fongaro, Studi Francesi, numéro III du 39ème volume (1995).

Extraits de cet ouvrage relatifs à la dédicace des Paradis artificiels :

«Le bon sens nous dit que les choses de la terre n'existent que bien peu, et que la vraie réalité n'est que dans les rêves.» Eh bien, s'il en est ainsi, ne vous semble-t-il pas qu'il faille absorber du haschisch et de l'opium, à seule fin de parvenir à la vraie réalité ? Remarquez que dans la troisième partie du Poème du Haschisch, Baudelaire s'efforce de «faire comprendre ce bouillonnement d'imagination, cette maturation du rêve et cet enfantement poétique auquel est condamné un cerveau intoxiqué par le haschisch».

(...)

«Pour digérer le bonheur naturel, comme l'artificiel, il faut d'abord avoir le courage de l'avaler; et ceux qui mériteraient peut-être le bonheur sont justement ceux-là à qui la félicité, telle que la conçoivent les mortels, a toujours fait l'effet d'un vomitif.» Pour digérer le bonheur naturel, il faut d'abord avoir le courage de l'avaler; or ceux qui mériteraient peut-être le bonheur (les artistes et les poètes) sont justement ceux-là à qui la félicité, telle que la conçoivent les mortels (les hommes qui ne sont pas poètes), a toujours fait l'effet d'un vomitif : le bonheur naturel donne aux poètes la nausée. Il ne leur reste donc plus qu'à chercher la félicité dans le bonheur artificiel. Mais, pour digérer le bonheur artificiel (c'est-à-dire pour le transformer en poèmes), il faut d'abord avoir le courage de l'avaler : il faut d'abord avoir le courage d'absorber du haschisch ou de l'opium.

(...)

Après la condamnation des Fleurs du Mal, Baudelaire se trouvait dans l'obligation de choisir : il lui fallait soit renoncer à exprimer sa véritable pensée, soit publier en Belgique ou sous le manteau, soit donner à ses contemporains des ouvrages qui respecteraient suffisamment les opinions reçues pour échapper à une nouvelle condamnation, et qui, en réalité, ne pourraient être compris que des vrais amateurs - il en existe sans doute, mais nous ne saurons probablement jamais si nous en faisons vraiment partie -. Quoi qu'il en soit, il me semble que, condamné en 1857 pour immoralité, Baudelaire a, en 1860 dans Les Paradis artificiels, et en 1861 dans la seconde édition des Fleurs du Mal, exprimé avec encore beaucoup plus de puissance le Mal et la Beauté du Mal.

(...)

Ouvrages d'Alain Dumaine relatifs à Baudelaire :

Baudelaire et la Réalité du Mal, 1993. ISBN 2-901064-20-5, - 6,10 euros

Baudelaire, les poisons et l'Inconnu, 1972, ISBN 2-901064-17-5, - 6,10 euros

Pour se procurer ces ouvrages, voir la rubrique A propos (en haut à gauche) sur le site :

http://indiscipline.hautetfort.com/

Selon Alain Dumaine, Rimbaud fut le premier et le seul qui ait vraiment compris l'oeuvre de Baudelaire.

Rimbaud

Alain Dumaine

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